06.11.2015-20.02.2016

Galerie Sébastien Bertrand
Art contemporain

Storm Tharp
PILGRIMS

Les portraits à l’encre de Storm Tharp sont des sortes de vanités altérées, où les bustes fiers nous rappellent la plus classique tradition du portrait, mais portent des visages décomposés, recomposés, tachés, déformés, comme pour nous dire que la prestance et la dignité ne se dégagent pas tant d’une froideur ravalée que de l’extrême émotionnalité que Tharp dépeint dans ces visages.

Emotionnels, les regards d’une douceur inattendue jaillissent des visages distordus, et surprennent par leur force apaisée celui ou celle qui ose les croiser. Une sorte d’empathie s’installe alors, qui ouvre la voie d’une communication introspective : une expérience de l’altérité dans laquelle résonne une souffrance universelle de l’être, mais dont la forme est pourtant particulière à chaque histoire.

Tharp ne joue pas de provocation, il est plutôt de cette veine d’artistes pour qui l’affect est une donnée primordiale.

Dans leur voyage initiatique, la quête de ses pèlerins est sans nul doute spirituelle. Une lutte existentielle à la recherche de soi, dans un monde où il faudrait sans cesse essayer des visages et des masques, occuper le terrain et multiplier les identités online, sans perdre les racines de sa propre entité. Ses portraits semblent compléter une collection de famille, où un bug radical aurait à un moment extériorisé l’inquiétante ou passionnante intériorité des membres représentés. Avec Tharp, les détours, blessures ou aspérités de l’âme ne sont plus des monstruosités à gommer mais au contraire d’intenses parures, donnant à ces regards l’honnêteté dans laquelle ils puisent leur force.