04.05.2023-28.07.2023

De Jonckheere
Tableaux de Maîtres

PANORAMIQUES
Paysages flamands des XVIe et XVIIe siècles

Témoins d’un monde imaginé ou disparu, les paysages peints par les maîtres flamands sont autant de prouesses techniques que de créations exceptionnelles. Longtemps considérées d’un genre mineur de la peinture, ces étendues de nature ont servi de cadre à la grande peinture d’histoire avant d’atteindre leur apogée au XVIIe siècle.

En cela, Joachim Patenier a d’abord renversé le rapport entre la narration qui occupait jusqu’alors le cœur du tableau, et le paysage qui lui servait de décor. À sa suite, les artistes ont saisi tout l’intérêt de l’exercice ; procurer au spectateur qui observe le tableau, le même plaisir que s’il regardait la nature. Car tout l’enjeu du genre réside dans cette cohérence sémantique. Que ce soit dans la réalité ou en peinture, le paysage désigne « le territoire qui s’étend jusqu’où la vue peut porter »[1].

Loin de l’imitation peu inventive reprochée aux paysagistes, ces derniers ont établi une recette infaillible. Leur travail consiste dans un premier temps à observer la nature dans ses moindres détails, d’en croquer et d’en mémoriser les formes. Elles sont ensuite sélectionnées et assemblées afin de créer une vue d’ensemble idéale. Pieter Bruegel et ses héritiers, ses prédécesseurs Cornelis Massijs ou Herri met de Bles, accompagnent ces échappées.

Ces tableaux sont aujourd’hui les traces du rapport entretenu entre l’homme et la nature : cohabitation, crainte, admiration. Ces paysages étaient et demeurent, un moyen de comprendre et de s’approprier le monde. 

([1] FURETIÈRE, Antoine, Dictionnaire universel, La Haye et Rotterdam, Chez Arnout & Reinier Leers, 1690, p. 11. )

Image
Denijs VAN ALSLOOT (1570-1628)
avec la participation de l’atelier de Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625) pour les figures
Paysage boisé s’ouvrant sur une chaîne de montagnes, première décennie du XVIIe siècle
Toile – 117 x 173 cm