02.11.2023-22.12.2023

De Jonckheere
Tableaux de Maîtres

ÉTOFFES
Tissus à travers la peinture flamande des XVIe et XVIIe siècles

Damas, brocarts, taffetas ; ces étoffes de soie originaires de contrées lointaines séduisent l’époque moderne par leur brillance, leurs couleurs chatoyantes et leurs motifs exotiques. Leur représentation dans la peinture flamande, connue pour son unique précision, apparaît comme métonymie des dynamiques d’influence à la croisée de différents domaines sociaux et économiques.

S’il est alors trop tôt pour parler de « mode » telle que nous l’entendons aujourd’hui, la manière dont les subtiles assortiments des formes, des couleurs et des matières évoluent avec le temps traduit un phénomène esthétique où le changement procède de la stratégie de distinction sociale.

Ainsi, le vestiaire suranné et séduisant des étoffes marque le goût du jour, façonné par les échanges et porté avec fierté par la classe supérieure, à l’image de Georg Schenck van Toutenbourg. Plus la tisse est fine, le fil délicat et précieux, plus il rappelle les tissus avec lesquels l’Église protège ses reliques. C’est pourquoi les peintres aiment parer la Vierge et les Saints des étoffes les plus raffinées. 

Les peintres se servent du tissu comme moyen d’expression : au travers de grands drapés dramatiques, théâtre d’un jeu de plis, d’ombre et de lumière, ou pour ponctuer leur composition d’un rouge étincelant, tout en conservant la marque de son empreinte dans le temps. Ainsi, au Nord, on observe des tenus sobres et modestes conformes à la doxa calviniste alors que le Sud est marqué par le goût du luxe et de l’opulence. Le peintre traduit l’étoffe, et tout son bagage symbolique, pour montrer la virtuosité de son talent.

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MAÎTRE DU SAINT-SANG (détail)
Triptyque : Mariage Mystique de Sainte-Catherine (panneau central), Sainte Barbe et Sainte Marie-Madeleine (volets) Panneaux, 113,5 x 170,2 cm